La criminalité est un fléau qui a nettement augmenté au cours de ces dernières années dans le milieu scolaire, comme en témoignent les dernières agressions perpétrées au sein de plusieurs établissements tunisiens.
Coups de couteau sur un camarade à Monastir, agression d’un parent sur un professeur à Béja, dispositifs explosifs artisanaux destinés à un lycée de La Manouba, attaque d’un enseignant «au couteau et à la hache» à Ezzahra,… Une liste terrifiante de crimes perpétrés à l’encontre du système scolaire, qui ne cesse de se rallonger.
Une véritable misère sociale
L’école publique tunisienne, censée être un lieu de savoir, de tolérance et de vivre-ensemble devient, hélas, le terrain direct de règlements de comptes et de conflits d’intérêts, au sens propre du terme, qui résultent finalement d’une colère bien plus profonde.
Cette violence traduit un manque de suivi et d’accompagnement flagrant dans les écoles qui, jour après jour, ont considérablement renforcé l’incivilité dans des quartiers trop souvent oubliés des décisions étatiques. Alors, à qui pouvons-nous en vouloir ? À l’enfant qui commet l’acte interdit ou à l’État qui ferme les yeux sur la véritable misère sociale qui grandit dans le pays ? Des enfants qui grandissent finalement dans la rue, sans éducation ni prise en main familiale… Autant de séquelles engendrées pour une génération considérée comme perdue, qui rencontrera indéniablement des difficultés futures d’insertion. Un système scolaire à deux vitesses, où seules les écoles privées peuvent aujourd’hui assurer un réel contenu éducatif.
«Ceux qui ont de l’argent peuvent sauver leurs enfants», nous a précédemment déclaré un enseignant à la retraite. «Le reste, la rue, avec tous ses dangers, est leur seule issue. Ils ont la drogue en culture et la violence au quotidien».
Du côté des enseignants, la fatigue et la colère se font déjà ressentir en ce début d’année scolaire. Plusieurs mouvements de grève ont éclaté, pour protester contre de tels actes, appelant le ministère de l’Éducation à assumer ses responsabilités. Pour eux, il n’est plus question de se laisser faire, jurant militantisme et défense de la dignité du cadre éducatif. Le ministère de tutelle a promis d’agir, néanmoins les mesures n’ont pour le moment nullement été prises.
Mais alors, à l’horizon 2023, qui assurera la sécurité des enfants et du cadre éducatif? Faut-il contrôler les sacs des élèves avant l’entrée en classe ? Et le ministère dans tout cela? Comment s’opère la prévention auprès des élèves ? Tant de questions sans réponses qui renforcent les interrogations quant à l’avenir inquiétant des prochaines générations dans ce pays.
Rappelons que, d’après les informations les plus récentes, près d’un million d’élèves n’ont toujours pas commencé leur année scolaire en ce début du mois de novembre 2022…
Inès ZARROUK